La Belle, le Vicomte, et le budget ....
La belle, le Vicomte, et le budget
- Quelle est cette muse qui t'a piqué, oh ! Vicomte ?
Toi, simple farceur, deviendrais-tu poète ?
- Mais non, Maïthé, ma voix n'a pas changé,
C'est ma bouche qui salive quand s'approche l’alouette.
- Une alouette sans tête, Vicomte ? Tu veux dire " brageole" ?
Ce morceau succulent dont les Sétois raffolent
Accompagné de pâtes,
arrosé de tomates,
Mûries dans les jardins pendus devant le sémaphore, en plein soleil,
pour notre palais, la plus belle des merveilles ?
- Maïthé tu m'épates, tu connais maintenant la cuisine Sétoise, de notre Quartier Haut ?
Toi perchée derrière le Marin, couchée au pied du phare,
Toi qu'on imaginait nourrie aux petits fours des mondaines soirées,
Tu parles le Sétois, tu aimes notre plat, tu voudrais nous manger notre macaronade ?
- Vicomte ne m'en veut pas, je ne veux pas le plat, je ne veux qu'une assiette, de ces pâtes rougies.
Rouge comme tes lèvres, de tes mots pigmentés au piment de Cayenne.
Blanche avant le rouge, blanche comme le fromage de Rome que l'on pose dessus pour renforcer le goût.
- Vicomte tu me rends folle, même pas une assiette ?
Pas même un bout de pain trempé dans cette sauce ?
Je ne peux même pas manger une brageole ?
Égoïste tu es, Sétois du Quartier Haut du resteras.
- Maïthe je t'en prie, l'air de la mer à Sète augmente l'appétit...
Dans mes années passées, j'en ai vu voltiger de belles alouettes.
Après avoir trouvé si beau le Quartier Haut, elles ont fait leur nid…
Et puis sont reparties.
Des gabians affamés, attirés par les oeufs, ont bouffé la couvée,
cassés nos toits de tuiles,
arrosé de leur fiente les banquettes de l’Hospitalet
polies par nos fonds de culotte et nos mains grasses d’huile.
De gabian, ils n'avaient que des habits de plumes,
Les poches de leur veste étaient remplies de thunes.
Ils n'avaient qu'une envie, prendre de la hauteur pour admirer la lune,
Au-dessus de la mer, et le feu d'artifice de notre Saint Louis.
- Maïthé un conseil, méfie-toi des largesses.
Hier c'était festin, demain sera disette.
Hier reine de Sète, et demain oubliée,
Ta voix vive d'été deviendra vite aphone,
Pour archiver le tout, achète un dictaphone.
Quand les caisses sont vides, quand il n'y a plus de sous,
les mots n'ont plus de sens,
les langues se délient,
les loups sortent du bois,
les bouches égoïstes ne pensent plus qu’à soi.
Maïthé, c'est ainsi, les histoires d'amour ont toujours une «faim»…
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