Arapète et Mandroune
devant la porte du Marché
(halles pour les parisiens)
Arapète (1) : Alors t’as lu l’histoire des vicomtes de brageole de la semaine dernière (cliquez)
Ils ne sont pas très contents, il parait que petit à petit l’espace public du quartier haut se privatise.
Mandroune (1) : Ne m’en parle pas. En revenant de l’église saint louis avant d’aller au cimetière mon petit-fils m’avait dit mamé passe un jour par les herbettes en promenant tu vas tomber de cul ?
Hé bé je me suis tenu à la rampe, y avait longtemps que je n’étais pas passé par en bas.
Tu devineras jamais ce que j’ai vu ?
Arapète : Hé bé quoi ? Accouche, je n’ai pas le temps mon mari m’attend.
Mandroune : J’ai vu que dans la rue Villaret Joyeuse t’as le choix ou les anchois soit tu te farcis une voiture devant ta porte soit tu demandes des poteaux pour te protéger.
Arapète: Et alors ? Il est ou le problème ? mandroune ?
Mandroune : Le problème maintenant c’est que tu demandes des poteaux devant ta porte et sur le trottoir tu peux mettre une table des chaises et sur la route un panneau pour annoncer que t’es là.
Arapète : Tu rigoles ? Tu ne vas pas me dire qu’en plus t’es obligé de marcher dans la rue ?
Mandroune : Et oui ma belle mais attend ce n’est pas fini …
Apres l’ancien café de Catarina, dans la rue de Spinelli c’est encore plus fort..
Ils ont fait mettre une barrière, des petites bites, et un panneau de défense de stationner. Il ne manque plus que la baraque pour le péage. Et je te raconte pas le petit jardin privé, et la terrasse de bois. C’est pas la salle à manger c’est tout comme ….
Arapète : Peut-être qu’ils ont acheté la rue …
Mandroune : Tu rigoles, une rue ça se vend pas… ces estrangers(1) de dehors ils occupent le terrain, ils font comme si ils étaient chez eux. Comme dirait mon maitre de Paul Bert, « si ça vous gêne, c’est pour mon plaisir », enfin un truc de ce genre ....
Quand tu passes t’as l’impression de rentrer chez quelqu'un, t’as peur de déranger les propriétaires, t’as pas honte mais presque ….
Arapète: hé bé « digue » les bras m’en tombent. Aller à bientôt !
Mandroune : Attend c’est pas fini … il attendra ton bacamourte (1) de mari
Dans la rue des herbettes, au début t’as un véritable jardin des plantes. Ils ont dû acheter le trottoir même dans le passage réservé aux promeneurs il y a des pots de fleurs. Et la meilleure pour la fin … mon petit fils qui avait l’habitude de garer sa vespa quand il venait à l’hospitalet. hé bè Maintenant c’est fini, d’abord il s’est fait incendier et le lendemain pour ne pas qu’il revienne ils ont mis un banc. Pas un banc pour s’asseoir, un banc juste pour empêcher les jeunes de stationner. Comme dirait mon Estampe (1) de mari Un banc pour emmerder les autres.
Arapète : Et alors ?
Mandroune : Et alors, celui qui l’a l’or il se le garde jusqu’au jour ou quand l’Estampe va se lever du pied gauche pour aller faire sa partie de boule on va se demander d’où vient le vent. C’est qu’il faut pas lui parler trot fort à son petitou
Arapète: hé bé quand ça va arriver il vaut mieux se lever de devant.
Mandroune : j’espère que ça n’arrivera pas. J’ai pas envie de payer les pots cassés ….. j’ai déjà payé les dents de celui qui a tagué mon devant de porte … il a pas mangé la bombe de peinture c’est un miracle.
Avant on avait Riquette le maire du Quartier Haut pour arranger les embrouilles ou Catarina pour la diplomatie. Maintenant tout se règle à la Mairie d’en ville …. Il faut attendre que le message descende jusqu'à la placette (1). Mais mon petit-fils le petit de mon fils André le caquiaroune (1), tu sais qu’il fait la faculté des surdoués de Montpellier, il a du bagage …. Tu peux me croire …il parle bien ce petit. Il m’a dit mamé un jour un chef de la mairie va passer prendre des photos et ils recevront une facture pour occupation illégale de l’espace public ! Et si en passant tu t’escagasses et que tu te fais mal …. Hé bé ils aurons à faire à papé …. et à moi
papé pour le cachamoure (1)
et moi pour le rendez de papé chez l'avocat ...
Aller Arapète à la prochaine. Viens que je t’embrasse et embrasse bien ton bacamourte (1) de mari. ….
(1) (seta dire de raymond coves)
Mandroune = coquine, rusée, mais aussi mauvaise langue, cancanière
Arapète = coquillage marin conique qui se fixe très solidement sur son rocher
Estranger = Etranger à Sète, au pays de thau, quelqu'un dont les habitudes, la dégaine, ou l'accent, détonnent dans le contexte socio-culturel local.
Estampe = gosse mal élevé et turbulent
Bacamourte = bon à rien
Caquiaroune = vantard, prétentieux
Placette = place en face la mairie pour les parisiens
Cachamoure = coup violent dans la tête ou sur la figure
NB –
En sétois le « ne » des négations ne se prononce pas toujours. On le prononce quand on y pense ou quand on a envie. Donc sachez- le !on ne vous le dira pas tout le temps.