Le Général Estronet (cousin de Bouche de Baudroie) nous a fait parvenir ce billet. Il nous a paru intéressant de le diffuser.
Il faut sauver l'Estron de notre enfance
A Sète, sous les pavés : le sable de plage,
A Sète sous les terrains de Villeroy : un trésor à la place des escavennes,
A Sète entre le brise lame et le Saint Christ : "l’Estron"
Pas celui moulé fumant à souhait et odorant : non !,non ! ,non !….
Le nôtre, le vrai, l’inimitable l’extraordinaire Estron à faire pâlir le pain de sucre de Rio de Janeiro.
Je ne m’adresse pas au néo, à ce parlé pointu incompréhensible, persuadé que le premier handicap du sétois est son accent, sa chaîne en or, sa grande gueule, sa façon de se vêtir, son vocabulaire, son attachement viscéral à ses traditions, sa bonne humeur etc, etc. ,etc…. sa générosité, pardon c’est une erreur.
Je parle de cet Estron témoin du temps passé qui a hérité de sa majesté une vue sur l’évolution de notre ville et de notre port.
Aux armes Sétois et historiens autochtones il se dit dans les méandres de certains bureaux du Port Sud de France que notre magnifique Estron ne
« fait pas bien » dans le paysage "carte postale aseptisée".
On veut nous faire le coup de la Santé, de la Butte Ronde (les sétois comprendrons, les néos….peut être).
Les bien pensant pensent, que nous ne pensons pas, ils se trompent de penser cela.
Plusieurs solutions s‘offrent à eux :
- soit on comble sur la mer, on le grignote tout simplement , et on construit un bar à brochettes, avec vue sur les entrées et sorties de ces bateaux qui logent dans ce magnifique vieux port, cerné par ces nouvelles espèces de brise-clapots.
- soit on le rase, c'est facile il est vieux, il ne sert à rien ; il suffit d’expulser les congres, les pouffres, les gobies, nos souvenirs et le tour est joué.
- soit on l’habille de carton avec un joli nœud au-dessus et on fait croire au paquet cadeau perpétuel.
Dans tous les cas le Sétois d'origine et le sétois naturalisé (il y en a quelques-uns, mais il y en a) mal informés de la chose, n’y verrons que du feu.
Puisqu'il en est ainsi, j’ai décidé de mettre en place un Comité de Défense de l'Estron, le CDE ou "Nenœil de garde".
Le C. D. E. décrète ce qui suit
a) vous vous mettez le doigt dans l’œil de penser que l’Estron n’est qu’un estron.
b) vous vous mettez le doigt dans l’œil de penser, qu’après expulsion nous n’aimerons plus notre Estron.
c) vous vous mettez le doigt dans l’œil de penser que nous allons vous laisser faire.
En conséquence, puisque vous nous donnez le «bomi» (1) et compte tenu qu’il entre dans nos obligations de rendre compte à nos papés et mamés, il ne vous sera même pas permis de toucher un cheveu de l'Estron de notre enfance.
Une simple caresse de bureaucrate intéressé déclencherait une mobilisation générale suivie de pétarades maritimes à faire vomir le simple photographe chargé d'immortaliser le désastre.
A méditer « pour la mise au pli vous pouvez repasser ».
Pour le C.D.E.
le comité "Nenœil de garde"
Le Général Estronet,
cettois d'ici et grand héritier de L'Estron du Mole Saint Louis
Fait et établi, 23 Fructidor an CCXXI
(1) Bomi : pour traduire achetez le SèteAdire ou adoptez un petit Sétois.
Carte postale d'époque avec l'Estron de notre enfance
appelé selon le cliché de Madame Davail
"le Rocher de la Vierge"